Depuis le 1er janvier, les logements classés G au Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) sont interdits à la location. Cette mesure, visant à accélérer l'amélioration énergétique du parc immobilier français, soulève toutefois des enjeux majeurs. Selon Olivier Princivalle, président de la FNAIM du Grand Paris, cette décision, bien qu'intentionnée, pourrait aggraver les tensions locatives, notamment en Île-de-France.
Une interdiction difficilement applicable sur le terrain
Environ 600 000 logements, soit près de 7% du parc locatif, sont concernés par cette mesure. Cependant, à ce jour, les conséquences concrètes semblent limitées. « L'état d'esprit des propriétaires, c'est un fort agacement (\u2026) et cela génère une forme de marché sous le manteau », constate Corinne Jolly, présidente du site PAP (Particulier à Particulier). En effet, malgré l'interdiction, des logements classés G restent disponibles à la location sur plusieurs plateformes immobilières.
Cette situation reflète les difficultés pratiques rencontrées par les propriétaires. Entre la complexité des rénovations nécessaires, les contraintes budgétaires et les délais administratifs, de nombreux bailleurs choisissent de ne rien faire, perpétuant ainsi les problèmes existants.
Une tension locative exacerbée en Île-de-France
Pour Olivier Princivalle, l'une des principales conséquences de cette mesure est l'exacerbation de la tension locative, déjà insupportable dans des régions comme l'Île-de-France. « Si les députés ne profitent pas des débats à venir sur la proposition de loi Marchive-Echaniz pour l'améliorer, en exemptant de l'interdiction de location les renouvellements et reconductions tacites pour les biens classés G, alors de nombreux logements déjà loués vont sortir du parc locatif privé longue durée », prévient-il.
Des rénovations coûteuses et peu accessibles
L'un des principaux freins à la mise en conformité énergétique est financier. Pour un appartement de 50 mètres carrés, il faut compter environ 25 000 euros pour passer d'une note G à E. Pourtant, les aides existantes, comme MaPrimeRénov', sont souvent jugées inadéquates par les professionnels. De plus, les banques n'ont pas encore développé d'offres spécifiques pour accompagner les propriétaires-bailleurs dans ces rénovations.
En outre, les travaux lourds, nécessitant généralement des décisions de copropriété, impliquent de longues procédures. La recherche d'artisans qualifiés, notamment labellisés RGE (Reconnu Garant de l'Environnement), est elle aussi compliquée par des délais importants et des coûts souvent élevés.
Une nécessaire adaptation du calendrier et des moyens
La FNAIM du Grand Paris plaide pour un calendrier d'application plus progressif et cohérent avec les réalités du marché. « Nous ne demandons pas à mettre un terme à la dynamique impulsée pour l'amélioration énergétique du parc immobilier, elle est nécessaire. Nous souhaitons seulement que le calendrier soit mieux adapté, plus progressif et surtout plus cohérent avec les moyens et outils mis à la disposition des propriétaires-bailleurs », explique Olivier Princivalle.
Pour que cette transition énergétique soit réussie, il est impératif que les pouvoirs publics, en collaboration avec les professionnels de l'immobilier, trouvent des solutions adaptées aux besoins des bailleurs. Cela passe par un renforcement des aides, une simplification des procédures et une meilleure structuration des offres bancaires.
Conclusion
La lutte contre les passoires thermiques est essentielle pour répondre aux défis écologiques actuels. Cependant, cette transition doit se faire dans un cadre réaliste et adapté, prenant en compte les contraintes des propriétaires et les enjeux du marché locatif. La FNAIM du Grand Paris continuera à porter la voix des professionnels pour accompagner cette évolution nécessaire.
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